La rupture du ligament croisé postérieur nécessite un traumatisme violent. La rupture isolée bénéficiera d'un traitement par rééducation tandis que l'association de rupture d'autres ligaments nécessitera la chirurgie.
Anatomie, rôle du ligament croisé postérieur
Ce ligament s'attache sur le tibia au niveau de l'épine tibiale postérieure et sur la joue du condyle interne sur le fémur.
Le ligament croisé postérieur (flèche jaune sur l'irm) fait partie du pivot central du genou avec le croisé antérieur. Il stabilise le tibia sous le fémur, en empêchant le tibia de partir vers l'arrière.
Mécanisme lésions LCP
Les ruptures isolées
Elles sont le plus souvent secondaires à un choc direct sur la face antérieure du tibia avec le genou fléchi.
C'est l'accident type du tableau de bord en voiture ou l'accident de moto. Dans ce type d'accident, la lésion du croisé postérieur peut passer inaperçue, dans la mesure où d'autres lésions sont au premier plan : fracture du fémur, luxation de la hanche, traumatisme crânien, etc.
Association à la rupture d'autres ligaments
Elles se rencontrent lorsqu'il s'agit d'une réception de saut avec le genou en extension : le tibia part vers l'arrière mais aussi vers l'intérieur (valgus forcé) ou vers l'extérieur (varus forcé)
- Valgus forcé en extension
avec l'association possible de fracture tassement du plateau tibial externe, de lésion du ménisque externe, de lésion du ligament latéral externe.
- Varus forcé en extension
avec la possible association à une rupture du tendon poplité, du ligament latéral externe, arrachement de la tête du péroné par le biceps, arrachement du fascia-lata, atteinte du nerf sciatique poplité externe),
- Hyper-extension passive
avec association de lésions périphériques interne ou externe, voire de lésion du nerf sciatique et ou de l'artère poplitée.
Conséquences pratiques :
Sensations d'instabilité
La descente des escaliers, les actions de freinage brusque peuvent donner des impressions d'instabilité lorsque le tiroir postérieur existe.
Par contre, beaucoup d'activités, telles que la course à pied, sont bien tolérées dans la mesure où le tiroir postérieur est limité par l'action du quadriceps.
Douleurs antérieures rotuliennes
En général, le risque le plus fréquent est l'apparition d'un syndrome rotulien douloureux car la pression sur le cartilage fémoro-patellaire augmente lorsqu'il existe une rupture du croisé postérieur. Lire les pages sur les symptomes du genou.
L'évolution vers l'arthrose ?
Les lésions isolées du croisé postérieur peuvent être génératrices d'arthrose 15 à 20 ans plus tard.
L'évolution vers l'arthrose est beaucoup plus probable si le genou reste instable, ce qui est plus souvent le cas si l'atteinte du ligament croisé postérieur est associée à des lésions périphériques non traitées ou mal cicatrisées.
Le diagnostic de la rupture
L'examen clinique est très évocateur
Le diagnostic clinique repose sur la présence d'un tiroir postérieur à l'examen comparatif des deux genoux en flexion à 90°.
Il est confirmé par l'IRM
L'IRM confirme le diagnostic, et surtout recherche les lésions associées +++, mais ne donne pas d'élément sur l'importance de la laxité.
Mesure de la laxité par testing radio
La laxité (facteur diagnostique et pronostique) peut être mesurée par des radios comparatives de profil avec poussée antérieure sur le tibia.
La fracture de l'épine tibiale postérieure
La radio simple peut aussi montrer une fracture de l'épine tibiale postérieure par traction par le LCP qui au lieu de se rompre, arrache son insertion osseuse.
Le traitement consiste à favoriser la consolidation de cette fracture, le plus souvent en immobilisant, rarement en opérant.
IRM d'une fracture non déplacée de l'épine tibiale postérieure : la chirurgie n'est pas nécessaire.
Faut-il Opérer ?
Rupture isolée du LCP
- Non, si la lésion du ligament croisé postérieur est isolée : il est logique de n'envisager que de la rééducation, qui devrait permettre une récupération pratiquement complète.
- Chez un sportif de haut niveau, lorsque la rupture du croisé postérieur est récente (moins d'un mois), il peut se discuter, une opération visant à limiter le tiroir, par la pose d'une greffon synthètique, servant de tuteur à la cicatrisation du croisé postérieur.
Si association LCP à lig interne ou externe, +/- LCA
Lorsque la rupture du croisé postérieur est associée à d'autres lésions périphériques, la reconstruction du croisé postérieur est souvent nécessaire, soit dans le même temps que la réparation des plans périphériques, soit dans un deuxième temps.
L'opération : ligamentoplastie
Principe technique
- Il s'agit de
- créer deux tunnels osseux qui viennent rejoindre l'articulation au niveau des insertions du croisé postérieur
- de prélever une greffe (en général, ligament synthètique de renfort mais parfois autogreffe (DIDT, tendon rotulien,...
- de positionner la greffe dans les tunnels où elle est fixée
Suites de l'opération
Immobilisation prolongée par attelle articulée spéciale
Immobilisation prolongée (2-3 mois) pour permettre au ligament opéré de cicatriser.
Attelle spéciale, car elle doit empêcher le tiroir postérieur +++, c'est-à-dire que le tibia parte vers l'arrière.
Suivie de rééducation prolongée
Cette intervention demande en général deux à trois mois d'arrêt de travail et six mois de rééducation.
En résumé
Quand la rupture du ligament croisé postérieure est isolée, elle ne nécessite pas d'opération pour reprendre une vie quotidienne normale.
S'il existe une atteinte des plans périphériques :
- Plan externe (ligament latéral externe, tendon poplité, fascia-lata) qui nécessite une réparation/reconstruction si possible dans le mois suivant l'accident.
- Plan ligamentaire interne qui peut être confiée à un traitement par genouillère articulée, ce qui peut permettre d'éviter la chirurgie.