Dr Perraudin - Chirurgien orthopédiste (Genou)
Docteur J.E. Perraudin

Que faire devant un genou douloureux?
Les "outils" à votre disposition

Page revue le 18 octobre 2023

La douleur du genou (ou gonalgie) est banale, fréquente. Elle peut survenir après un accident ou un faux mouvement, un changement de rythme ou progressivement, sans facteur déclenchant a priori.

Si la sensation de "gène" ne nécessite pas de traitement, la douleur, surtout quand elle s'accompagne de boiterie, inquiète et nous pousse à consulter.

Prenez soin de votre genou

Nous verrons d'abord quelques questions fréquentes, puis quels sont les outils à votre disposition pour gérer les douleurs de votre genou.

Questions fréquentes sur le genou douloureux

        

Est-ce grave de laisser trainer une douleur du genou sans consulter ?

Chez l'adulte

Chez l'adulte, pas de risque important en dehors de se mettre à traîner, à arrêter progressivement ses activités sportives, voire professionnelles. La prise de poids guette...

Chez l'enfant et l'adolescent

Chez l'enfant, il faut être prudent : un problème de hanche peut se révéler par des douleurs de genou et il faut être vigilant devant des douleurs inhabituelles permanentes et/ou surtout nocturnes. La consultation du médecin généraliste ou du pédiatre rassurera parents et enfant.

La plupart du temps, il s'agit de douleurs liées à la croissance (maladie d'Osgood-schlatter) ou d'un syndrome rotulien banal, plus ou moins gênant.

On m'a posé une Attelle : Faut-il la garder ?

Une attelle (qui bloque le genou) peut être posée aux urgences, mais elle doit être enlevée dès que possible : consultez un spécialiste qui confirmera ou pas son intérêt.

Une genouillère ne pose pas de problème si elle ne bloque pas la mobilité du genou.

Ne restez pas longtemps immobilisé par une attelle, sous prétexte par exemple, d'attendre le rdv d'IRM ou le rdv du spécialiste. Trouvez un rdv plus rapide avec un autre spécialiste, près de chez vous !

      

Peut-on traiter une douleur du genou avant d'en connaître la cause ?

Je pense qu'il est logique de traiter la douleur si elle a des conséquences pratiques (boiterie, arrêt sport, ou activités) sans attendre le rdv de radio ou d'IRM.

 

Par contre, il semble logique d'interrompre l'activité physique à l'origine des douleurs ou si elle s'avère les augmenter (ceci concerne aussi certains exercices en kiné par exemple).

   

Si la douleur reste handicapante malgré le traitement, mieux vaut consulter.

Un examen clinique permettra d'évaluer le genou et d'évoquer une ou plusieurs causes; des examens complémentaires seront prescrits. Rien n'empêche de prendre des médicaments si besoin en attendant ces examens.

Les outils pour gérer vos douleurs

Voici quelques outils que vous pouvez utiliser si vous avez mal au genou. Je les énumère tous pour vous informer, du plus simple au plus évolué. Certains (glace, médicaments, exercices, genouillère) sont ceux à utiliser en premier. Les infiltrations ne seront envisagées que dans un deuxième temps, en cas d'insuffisance des premiers outils.

Parallèlement, vous pouvez observer et préciser les caractéristiques de vos douleurs. Cela vous sera utile pour prendre du recul et préparer votre consultation.

Faut-il glacer le genou ?

Le glaçage du genou est un moyen simple d'améliorer vos douleurs et le gonflement : glaçons et eau dans une poche à glace (grand modèle), ou petits pois congelés enveloppés par un tissu, ou genouillère type freezesnow (avec des poches à mettre au congélateur et une genouillère pour comprimer la poche posée sur le genou).

Attention à protéger votre peau par un tissu : le contact direct de la glace brûle la peau !

Faut-il mettre une genouillère ?

Porter une genouillère souple est une bonne idée; en coton élastique, sans armatures, avec une ouverture sur le devant pour la rotule, elle ne bloque pas le genou et vous permet en général, de se sentir mieux. Il ne faut pas qu'elle soit trop serrée ! L'important est de vous sentir bien dedans.

Quels médicaments ?

Bien sûr, vous pouvez essayer homéopathie, huiles essentielles, ou acupuncture. Mais, si vos douleurs ne s'améliorent pas, il vaut mieux passer aux médicaments : antalgiques simples et anti-inflammatoires.

Les antalgiques simples,

Le paracétamol, que vous pouvez prendre jour et nuit, selon vos douleurs, à la demande ou systématiquement (500 mg toutes les 4 heures sans dépasser 6 par 24h (3g)).

Les anti-inflammatoires (ibuprofen et autres)

Si vous avez des antécédents d'ulcère de l'estomac ou de reflux gastro-oesophagien, il vaut mieux éviter l'automédication avec les anti inflammatoires (faites le point avec votre médecin traitant).

Sinon, vous pouvez prendre de l'ibuprofène 400 le soir, de façon ponctuelle, le temps d'aller mieux, si vos douleurs le nécessitent ; prenez le après le dîner (estomac plein), en vous protégeant l'estomac si vous êtes sensible, par le médicament prescrit à cet effet (oméprazole).

Comment prendre ces médicaments ?

L'idée est de traiter vos douleurs, donc de les prendre au moment où vous avez mal.

Evitez d'en reprendre systématiquement le lendemain si l'intensité de la douleur a baissé.

Prendre un anti-inflammatoire le matin, est un dopage inutile, (moins de douleur dans la journée mais risque de suractivité et donc de douleur plus importante le soir).

Mais, il faut en prendre le soir (sauf si contre-indication) si vos douleurs commencent à vous handicaper (boiterie, dérobements etc). Consultez votre médecin en cas de doute mais, ne trainez pas : boiter aggrave les douleurs.

Quels exercices pour prendre soin de votre genou ?

La douleur du genou pousse à éviter de s'en servir, à éviter de prendre appui sur le pied, à boiter le genou un peu fléchi.

Il est donc très important, parallèlement au traitement médical, de travailler votre quadriceps +++ au quotidien par des exercices simples type "écrase-coussin" ou "écrase-coussin sans coussin". (voir les exercices d'autorééducation).

Vous verrez aussi comment gérer la boiterie en marchant le genou verrouillé au lieu de boiter le genou plié.

Si la crise ne céde pas avec les médicaments et les exercices, il est logique de voir votre médecin généraliste, d'ajuster le traitement et de faire un bilan radio et irm pour préciser le diagnostic.

N'oubliez pas de continuer les exercices régulièrement.

Que faire si la crise douloureuse ne cède pas ?

Votre médecin vous prescrira des examens complémentaires (radios et ou IRM) et vous demandera de prendre l'avis d'un chirurgien : peut-être qu'un geste chirurgical simple pourra vous soulager tel une arthroscopie pour enlever un fragment méniscal douloureux.

S'il n'y a pas de chirurgie à prévoir a priori, vous pourrez consulter un médecin du sport ou un rhumatologue qui pourra vous proposer des infiltrations.

Faut-il faire des infiltrations ?

Non, si les médicaments et les autres outils vous permettent d'aller mieux, de passer la crise. Par contre, elles semblent loqiques, si les douleurs persistent ou vous handicapent et s'il n'y a pas d'indication opératoire.

Parlez en avec votre rhumatologue ou votre médecin du sport.

Infiltration de corticoides ?

Ces médecins pourront, si la crise ne cède pas, vous proposer une infiltration de corticoides qui diminuera vos douleurs dans les 48h, ce qui vous permettra de faire vos exercices, de marcher la jambe raide, et de laisser passer l'orage.

Acide hyaluronique (ou visco-supplémentation) ?

Pour les douleurs chroniques liées au cartilage, il semble logique d'essayer des injections d'acide hyaluronique dans le genou.

Il s'agit d'injecter dans le genou, une sorte de gel constitué d'acide hyaluronique. Ce produit agit comme un "lubrifiant" pour le cartilage : injection unique (ou répétée trois fois à une semaine d'intervalle) qui peut avoir un effet environ deux mois après l'injection. L'effet peut durer plusieurs mois.

Et l'injection de PRP ?
Injection du PRP dans le genou
Principe du PRP pour le genou

Le PRP est un concentré d'éléments sanguins (les plaquettes) qui est préparé à partir du sang du patient : prélèvement de quelques ㎤ de sang dans un tube stérile à usage unique; centrifugation du prélevement; le concentré de plaquettes est ainsi séparé (poids différent) du reste des composants sanguins dans le tube. Il peut être aspiré sélectivement, puis injecté dans l'articulation du genou.

Ce procédé a été mis au point, il y a quelques années, et après des résultats peu différents de la viscosupplementation, il avait été délaissé.

Il semble inutile de commencer par le PRP : c'est un peu plus compliqué, pas forcément plus efficace que l'acide hyaluronique mais c'est beaucoup plus cher...

Il peut être intéressant de l'essayer pour un patient qui ne veut pas se faire opérer, et chez qui, la viscosupplementation n'a pas eu d'effet. Votre rhumatologue est le mieux placé pour vous conseiller.

L'association de PRP et d'acide Hyaluronique

C'est une autre possibilité qui peut se discuter : il est bien sûr logique de tout vouloir essayer, même si l'arthrose est avérée et handicapante. C'est sûrement une option si le patient est jeune, avec une mobilité du genou conservée avec un périmètre de marche correcte. Je serai d'ailleurs le premier à dire de continuer dans ce cas, le traitement médical et donc pourquoi pas d'essayer l'association PRP + Acide Hyaluronique ? (attention au prix..)

Par contre, si les symptomes s'aggravent, si vous marchez de moins en moins, si le genou se déforme, si les escaliers deviennent ingérables, vous vous ferez opérer un jour ou l'autre. La prothèse de genou améliore 90-95% des patients; beaucoup se disent, après l'opération, qu'ils auraient mieux fait de ne pas attendre autant...

Docteur J.E. Perraudin, chirurgien orthopédiste

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