Entorse du genou
Questions fréquentes

Le foot est un sport à haut risque pour le ligament croisé antérieur.

Page écrite par le Dr. J.E. Perraudin
Revue le 17 février 2024

Sur cette page

Diagnostic des lésions

Questions fréquentes

Qu'est-ce qu'une entorse du genou ?

L'entorse du genou est un mouvement forcé de l'articulation, qui tire sur ses ligaments. Elle peut survenir lors d'un choc direct, ou de la réception d'un saut, ou lors d'une prise d'appui brutale sur le pied pour changer de direction (pivot) ou sauter.

Le pied est fixé au sol et le corps tourne par rapport au pied : le genou, pris entre les deux, risque de se déboiter, de se tordre.

Qu'est-ce qu'un ligament ?

Un ligament est une bande de tissu conjonctif fibreux très solide, qui relie un os à un autre dans une articulation.

Les ligaments ont pour rôle de maintenir l'un contre l'autre, les os de l'articulation, lors des mouvements.

Quels sont les symptômes de l'entorse ?

Sur une prise d'appui ou lors d'une réception de saut,

  • Douleur aigue,
  • Craquement,
  • Sensation de déboitement,
  • Gonflement (épanchement, appelé hémarthrose), rapide ou retardé,
  • Incapacité fonctionnelle, plus ou moins marquée

Gonflement, boiterie douloureuse et flexion limitée (genou qui ne plie pas) sont souvent présents d'emblée ou le lendemain matin.

Comment gérer efficacement les symptomes d'une entorse

Que faire dans l'urgence ?

Consulter un médecin aux urgences ou votre médecin généraliste pour vérifier que c'est bien une entorse; une radio éliminera une fracture en cas de doute. Il vous prescrira probablement une attelle et des anticoagulants, une IRM, de la rééducation et proposera de voir un spécialiste.

Si, après un accident de ski, on vous a posé une attelle, en vous parlant peut-être du protocole Delin, vous devez réaliser rapidement une IRM, si possible en diffusion, et voir un chirurgien pour valider +++, ou non, la poursuite de ce protocole, qui ne concerne que très peu de ruptures du LCA.

Que faire en attendant l'IRM et la consultation du spécialiste ?

Glacer votre genou, traiter les douleurs, surélever votre pied, et auto-rééducation en commençant les exercices de base : vous serez surpris des progrès que vous ferez si vous vous engagez dans ces exercices. Soyez prudents, mais vous pouvez essayer doucement de faire les exercices simples d'autorééducation.

Prendre l'avis d'un spécialiste dès que possible ++

Certes, j'espère que ces pages pourrons vous aider en attendant, mais beaucoup peuvent préfèrer avoir un contact réel, avant de se lancer dans l'autorééducation.

Notez que vous n'avez pas besoin d'avoir fait l'IRM pour votre consultation.

Elle vous permettra d'avoir un premier avis qui vous rassurera et vous permettra d'être plus confiant(e) et donc plus dynamique.

Souvent, dans l'établissement où vous consulterez le spécialiste, il est d'ailleurs possible de faire une IRM le même jour que la consultation du chirurgien, mais il vous faudra prendre rendez-vous. C'est possible à la clinique des Maussins où je consulte.

La téléconsultation

La téléconsultation est intéressante car elle vous permet de vous connecter rapidement, à distance, avec un chirurgien qui vous donnera son avis et, surtout, vous aidera à gérer votre entorse rapidement; il pourra vous donner les ordonnances pour réaliser kiné et IRM si besoin, ou vous envoyer un arrêt de travail, etc.

Si vous envisagez une possible opération, rien ne vous empêche de prendre rapidement un rdv en téléconsultation et, parallèlement, prendre rdv avec un chirurgien près de chez vous dès que possible; prendre deux avis n'est sûrement pas une erreur lorsqu'il s'agit de prendre la décision de se faire opérer.

Notez que si une opération est évoquée pendant la téléconsultation, il faudra évidemment consulter sur place. Peut-être le chirurgien pourra-t'il vous rajouter plus rapidement dans son planning, en vous organisant une consultation avec lui et son anesthésiste, ce qui sera indispensable si vous prenez votre décision (quitte à l'annuler, bien sûr, dans le cas contraire).

Comment fait-on le diagnostic ?

Le diagnostic d'une atteinte ligamentaire se fait cliniquement et par l'IRM.

Diagnostic clinique de la rupture d'un ligament

L'examen clinique du genou permet le diagnostic : il peut être réalisé très rapidement après l'entorse. Il s'agit de rechercher un mouvement anormal de l'articulation, appelé "laxité", pour les ligaments interne et externe, ou tiroir pour les ligaments croisés. Le genou "baille", se décoapte, lorsqu'on le teste. Le testing permet de préciser quels sont les ligaments rompus. Il n'est pas douloureux si le patient est relaché.

En vous examinant, le chirurgien vous fait ressentir (c'est indolore) que le tibia bouge un peu par rapport au fémur. C'est la laxité. Pour que les deux os bougent l'un par rapport à l'autre, il est nécessaire que le ligament responsable soit rompu. Bien sûr, il faut comparer les deux genoux. La comparaison entre les deux genoux ne devrait vous laisser aucun doute. Et il est important que les choses soient claires pour vous.

Quel examen complémentaire faut-il faire après une entorse du genou ?

Après une torsion du genou, si le genou a craqué ou s'il a gonflé, il est important de faire une IRM, même si le testing est a priori rassurant.

De la même façon, une rupture dite partielle sur l'IRM, ne doit pas dispenser d'un examen clinique par un spécialiste avant une tentative de reprise d'un sport à pivot contact comme le foot.

Passer à côté d'une rupture ligamentaire expose le patient à une reprise de son sport et donc à une nouvelle entorse avec aggravation possible des lésions.

Si le diagnostic est en général déjà fait grâce à l'examen clinique, l'IRM permet de confirmer, de préciser les lésions et d'explorer les ménisques qui peuvent être aussi touchés lors de l'entorse.

Rupture partielle sur l'IRM ?

Le radiologue peut parler de déchirure ou de rupture partielle du ligament croisé antérieur, selon l'aspect de celui-ci sur l'IRM.

En pratique, la rupture peut être considérée comme totale si le chirurgien retrouve une laxité, un mouvement anormal.

La présence de signes indirects sur l'IRM, permet de confirmer la rupture totale, comme par exemple, la présence d'une contusion osseuse.

Quels ligaments peuvent être touchés ?

Les deux ligaments croisés et les deux ligaments collatéraux peuvent s'étirer ou se rompre lors de l'entorse. Regardez la page sur les ligaments du genou.

Le ligament le plus fréquement touché est le ligament croisé antérieur. L'association de lésions de ce ligament et du ligament collatéral interne (médial) est fréquente aussi (en particulier, lors de la pratique du ski).

Entorse du ligament collatéral interne (médial

Très rarement chirurgicale, elle nécessite en général, le port d'une genouillère articulée avec des renforts métalliques de chaque côté.

Faut-il opérer après une entorse du genou ?

Deux situations nécessitent un avis chirurgical rapide :

En pratique, le premier objectif est de retrouver rapidement une vie quotidienne normale.

Parallèlement, le bilan exact des lésions sera réalisé.

C'est ensuite en fonction des lésions observées, du patient, de sa motivation, de son travail,... de l'avis du chirurgien que le (la) patient(e) prendra sa décision.

Questions fréquentes sur l'entorse du genou

L'attelle est-elle indispensable après une entorse ?

Souvent, le médecin des urgences vous a demandé d'immobiliser votre genou en portant une attelle, bloquant le genou en extension voire en légère flexion. Autant cette attelle peut être utile dans les premiers jours, elle est ensuite encombrante et surtout, elle entretient la fonte musculaire.

Le risque de phlébite (caillot dans une veine) est important, si le genou est immobilisé, et ceci d'autant plus si vous n'appuyez pas sur votre jambe : la prescription d'anticoagulants est ici logique.

Il est important de consulter rapidement un spécialiste pour savoir si vous devez garder l'attelle.

Astuce : si une attelle vous a été prescrite : essayez de contracter votre quadriceps dans l'attelle pour verrouiller votre genou dans l'attelle.

Entorse bénigne ou grave ?

Le ligament peut résister à la torsion et l'entorse sera dite bénigne, légère : il n'y a pas de rupture ligamentaire.

Si un ligament se rompt, on dit que l'entorse est grave, mais la gravité de l'entorse dépend aussi du nombre de ligaments atteints et de la nature des lésions : étirement, déchirure, rupture partielle ou totale.

La rupture du ligament rend possible un mouvement anormal : la laxité. C'est la recherche de cette laxité qui permet au médecin de faire le diagnostic de rupture en vous examinant.

Puis-je marcher après une entorse ?

Le mieux, dans un premier temps, est de suivre les conseils du médecin que vous avez vu au moment de l'entorse. La consultation rapide d'un spécialiste vous permettra de reprendre rapidement appui si c'est possible (ce qui diminue +++ le risque de phlébite et vous apporte un peu de confort).

Vous pouvez vous engager dans les exercices expliqués

Quand puis-je conduire ?

La reprise de la conduite peut être assez rapide si vous vous en sentez capable. Vpus pouvez essayer sur un parking désert de supermarché

Attention, si vous n'appuyez pas sur votre jambe, et/ou si une attelle rigide vous est prescrite, il faut demander à votre médecin des anticoagulants pour éviter une phlébite.

Faut-il prendre des anticoagulants pour éviter une phlébite ?

Oui, si vous êtes immobilisé par une attelle, et c'est encore plus vrai si vous ne prenez pas appui sur votre pied ! Le risque de phlébite est alors important et il faut prendre un traitement anticoagulant (par piqure en général chaque jour à heure fixe par une infirmière à domicile). Si vous avez un doute, demandez à votre médecin généraliste ou appelez le médecin que vous avez vu aux urgences.

Durée de l'arrêt de travail à prévoir

La reprise de votre travail est souvent possible après deux semaines, si vous avez un travail de bureau. C'est le cas après une rupture isolée du ligament croisé antérieur

Mais, si retrouver une vie quotidienne normale est souvent rapide (2-3semaines), selon Améli, la durée de l'arrêt de travail après une entorse du genou,   avec ou sans opération, varie beaucoup en fonction :

  • de votre profession (activité sédentaire, travail en position debout dominante ou non, port de charges plus ou moins lourdes...) ;
  • de vos conditions de transport (durée du trajet et moyens utilisés) ;
  • de la gravité de l'entorse du genou : nécessité ou non d'un traitement chirurgical ;
  • des lésions associées (lésions méniscales...) ;
  • de votre état de santé général ;
  • des possibilités d'adaptation ou de modification du poste de travail en cas de poste très physique, d'emploi en hauteur, de travail sur un sol glissant ou instable.

La vie quotidienne normale d'abord !

La reprise d'une vie quotidienne normale doit être le premier objectif après une entorse.

Des suites qui "trainent" (douleurs, boiterie, raideur, gonflement), après une entorse du genou, doivent faire prendre un avis auprès d'un spécialiste.

Et la reprise du sport ?

Après une entorse du genou, il est très important de faire une IRM et de prendre l'avis du spécialiste, avant de reprendre les sports à pivot. Une rupture du ligament croisé antérieur qui passe inaperçue, risque d'entrainer d'autres accidents du même type, pouvant aggraver les lésions cartilagineuses et méniscales. ++

La rééducation après l'entorse

Vous pouvez commencer votre autorééducation sans attendre.

Aprés avoir retrouvé une vie quotidienne normale, vous pourrez faire de la rééducation chez un kinésithérapeute.

Conséquences des ruptures ligamentaires.

Laxité puis instabilité.

La rupture d'un ligament entraîne un mouvement anormal lors de l'examen du genou, une laxité; cette laxité peut ne pas être ressentie par le patient, mais il peut se sentir en insécurité sur son genou lors des prises d'appui, en particulier s'il cherche à pivoter. Cette sensation s'appelle une instabilité. L'instabilité en pivotant est très évocatrice d'une atteinte ligamentaire.

Elle peut apparaître, soit d'emblée juste après l'accident, soit le plus souvent à distance lors de certains mouvements. Elle nécessite de se faire examiner et de pratiquer une IRM et pose la question de se faire opérer de la rupture ligamentaire.

Lésions méniscales

Chaque nouvel épisode peut entraîner des lésions méniscales.

Ces lésions risquent de devenir douloureuses et nécessiter un traitement propre de type suture ou méniscectomie (ablation de la partie lésée du ménisque). Il est avéré qu'à long terme, une méniscectomie, même partielle, entraine une usure cartilagineuse.

Lésions cartilagineuses

La répétition des entorses entraine des dégats cartilagineux et donc un risque d'arthrose prématurée; c'est pourquoi il faut opérer ces lésions ligamentaires chez les jeunes et opérer les genoux qui deviennent instables dans la vie quotidienne, quel que soit l'âge.

Par contre, il est possible de ne pas avoir besoin d'opération si le patient préfère arrêter la pratique des sports à pivot et si le genou reste stable par la suite.

Docteur J.E. Perraudin

Haut de page